Atelier 8 : Constitution, droits et devoirs
Constitution, droits et devoirs
Responsables : Professeurs Jean-François FLAUSS et Joseph PINI
Grille d'analyse :
La constitutionnalisation des droits fondamentaux constitue sans doute l’œuvre majeure du Conseil constitutionnel. Le corpus des droits et libertés, auxquels s’ajoutent à l’occasion des devoirs constitutionnels, a progressivement irradié la totalité de l’ordre juridique français. Les conditions d’émergence et de diffusion de ces droits, voire de ces devoirs, ont été largement identifiées et étudiées. Dans une moindre mesure, il en a été de même des limites internes ou externes opposables aux droits et devoirs constitutionnels, sans que toutefois toutes les facettes de la question aient été systématiquement envisagées. En revanche, les interrogations afférentes à l’articulation entre les différents niveaux de protection, et chemin faisant du niveau optimal de protection, sont loin, d’avoir épuisé la matière. Mais surtout, la révision constitutionnelle du 1er mars 2005 et les développements récents de l’influence du droit conventionnel sur la protection constitutionnelle des droits fondamentaux sont, semble-t-il, de nature à alimenter une réflexion jusqu’alors inégalement menée.
L’influence des droits européen et international sur la protection constitutionnelle des droits fondamentaux ne peut assurément être niée. Il conviendrait cependant de mesurer, avec précision, son ampleur. Certes à l’occasion, l’impact des engagements internationaux est très apparente : le renforcement de la garantie du droit à la vie par l’abolition constitutionnelle de la peine de mort est directement lié à la volonté des autorités françaises de ratifier le protocole n°2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le plus généralement toutefois l’incidence de normes européennes et internationales se manifeste au travers d’une interprétation conforme ou neutralisante des dispositions constitutionnelles. A cet égard, l’emprise de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme tend, semble-t-il, à devenir plus prégnante, et ce même pour le Conseil constitutionnel. Faut-il dès lors conclure à une modification génétique des principes constitutionnels relatifs aux droits et libertés ou au contraire se prononcer en faveur d’une « nationalisation » de l’interprétation délivrée par le juge européen ? A vrai dire, cette alternative ne permet, à elle seule, de saisir le phénomène envisagé dans sa complexité : son appréhension exige des investigations plus ciblées.